Question : Y
a-t-il de nombreuses femmes qui ont une baisse et une disparition de la
libido ?
Réponse : Beaucoup de femmes n'éprouvent que
peu de désir sexuel voire aucun. Cette situation peut être temporaire ou se
prolonger. Le plus souvent, après plus ou moins longtemps de sexualité
satisfaisante, elles voient leur désir disparaître, brutalement ou
progressivement. On le constate aussi après une longue période d’abstinence.
Les
unes consultent pour elles-mêmes, parce qu’elles n’aiment pas cette image d’elles
sans désir ; d’autres, pour leur couple ou leur conjoint, parce qu’elles
culpabilisent de le rendre malheureux ou simplement pour ne pas le perdre.
Comment peut-on expliquer cela ?
Réponse : Le désir n’apparaît pas ou s’étiole
chez la femme qui a été capable d’excitation sexuelle, mais ne sait pas
parvenir à l’orgasme. La frustration des échecs, l’impression de ne pas être
normale ou pas compétente, l’agacement de participer à la jouissance de l’autre
sans rien recevoir en échange, tout finit par faire du jeu amoureux une
occupation désagréable, un mauvais moment à passer, voir une corvée.
Et elles ont la migraine ?
Réponse : On comprend qu’il est alors
naturel de chercher à l’esquiver le plus souvent possible : le masochisme a ses
limites ! Que ce soit à cause du comportement du partenaire, de son éjaculation
trop rapide, par exemple, ou de sa propre incapacité à jouir, la femme n’a plus
envie de relation sexuelle, se réfugie dans la masturbation ou investit
ailleurs que dans la sexualité : le ménage, les enfants, la télé, le sport, le
métier, le bénévolat…
Le
désir s’envole aussi quand la femme trouve la demande de l’autre excessive :
continuellement bousculée dans son rythme, elle n’arrive pas à suivre, et finit
par être dégoûtée ou rebutée par le jeu sexuel. Un homme qui ne vous respecte
pas dans votre sexualité ou dans votre vie quotidienne paralysera le désir, de
même qu’un homme qui se néglige.
Par
ailleurs, n’avoir aucun apprentissage de la tendresse, de la douceur, du désir
et du plaisir, ne pas connaître une gamme assez riche d’émotions, croire que le
monde se partage entre les purs (sans sexualité) et les salauds (qui la
pratiquent, notamment les hommes, qui ne pensent qu’à ça !) : rien de tel pour
être dégoûtée de la sexualité et ne pas pouvoir imaginer y vivre des
expériences épanouissantes. Au bon moment, ces femmes sont fatiguées, ont mal à
la tête, pensent à "un dernier truc à finir ".
Doit-on considérer qu’elles ont aussi à apprendre à faire
l’amour ?
Réponse : Oui, tout à fait. De nombreuses
femmes sont ignorantes dans ce domaine mais surtout sont ignorantes de leur
corps et de ce qu’il peut leur donner ou bien considèrent que si elles font une
telle demande à leur partenaire, elles donnent une très mauvaise image
d’elles-mêmes, de femmes faciles par exemple.
Que doivent-elles faire ?
Réponse : Il faut bien sûr éliminer en premier
les maladies guérissables, les troubles hormonaux, supprimer les dépendances
médicamenteuses et les toxiques. Elles doivent donc, en premier en parler à
leur médecin traitant. De même qu’il faut résoudre les problèmes de liens
personnels dans le couple, car un partenaire qui n’attire pas, avec qui on a
des comptes à régler, qui n’a pas le même projet érotique, ne facilite pas la
montée du désir. On ne parvient pas à désirer quand on en a gros sur le cœur !
S’il y a méconnaissance de l’orgasme, la consultation apportera des conseils de conduite mieux adaptée. Mais on ne doit pas s’affoler quand le désir disparaît à cause des enfants petits, très envahissants, et de tout ce qui entraîne le surmenage, rend impossible de penser à soi : parfois, on ne peut qu’attendre que les choses se tassent ! Mais, pour renverser la situation, il faut dès que possible lutter afin de réorganiser sa vie, rétablir les priorités, dégager du temps pour soi et pour le couple. Il faut inventer des façons d’érotiser sa vie, le rapport à son corps (soins corporels, massage, lingerie, tenues, masturbation), les contacts avec l’autre et consacrer du temps à vivre des moments particuliers en couple.